Hériter de bijoux de famille, que faire? Nos conseils.

Entrer en possession d’un héritage n’est pas une mince affaire. Outre bien entendu l’aspect émotionnel et intime, les tracasseries administratives qui peuvent découler de la situation et les potentiels conflits d’intérêts entre héritier·ère·s que cela peut engendrer, la répartition des biens doit idéalement se faire dans les règles de l’art, afin de rendre cet événement le plus serein possible.

Dans le cas d’un héritage de bijoux de famille, il est essentiel de faire expertiser les différentes pièces afin de connaître leur valeur réelle. Marjorie Vallotton, fondatrice de GemInfinity et experte en gemmologie, nous livre quelques précieux conseils à ce sujet.

Pour gérer au mieux un héritage, il est primordial de faire appel à un·e expert·e qui sera la personne de référence en matière d’estimation des pièces de joaillerie héritées. « On se retrouve souvent dans le cas de figure suivant : les membres d’une même famille connaissent l’existence de tel ou tel bijou au sein de leur clan, toutefois sa valeur est soit sous-estimée, soit surestimée. Et bien entendu, la valeur sentimentale véhiculée par la famille influence grandement la perception que l’on a de ce bijou, même inconsciemment », explique Marjorie Vallotton.


L’estimation précise et détaillée d’une pièce est nécessaire, et ce pour plusieurs raisons, que l’on souhaite conserver le bijou, le transformer, voire le revendre. Tour d’horizon.

1.    C’est en présence d’un·e notaire que l’expert·e prend connaissance de l’ensemble des bijoux hérités et en dresse son inventaire ; ceci pour en connaître leur valeur globale et assurer un partage équitable. Cette valeur engendrera également les frais de droits de succession qui en découlent. Marjorie Vallotton précise : « Il est important de faire expertiser l’ensemble de l’héritage, pas seulement la supposée pièce-phare de la collection. Très souvent, on se retrouve face à des surprises : des bijoux considérés comme moins précieux se révèlent parfois être de vrais trésors, et vice-versa ! ».

a.    Précision : plus on est en possession de documentations concernant les bijoux, de leurs coffrets d’origine, des photos de ceux-ci portés, des certificats d’authenticité, etc., plus la valeur de ce patrimoine augmente. Toutes ces indications supplémentaires attestent en effet de l’origine véritable des pièces de joaillerie.

b.    Cette première étape, l’estimation, doit permettre également de se détacher de l’aspect émotionnel – tel bijou vaut tant d’argent – et d’éviter ainsi les désaccords entre les différents héritier·ère·s. Marjorie Vallotton se souvient notamment du cas suivant : « Il s’agissait d’une expertise de grande importance, il y avait beaucoup de bijoux et beaucoup d’émotion, les divers membres de la famille présents me racontant des histoires personnelles touchantes. Puis vint le moment d’expertiser deux bagues – l’une ornée d’une émeraude, l’autre d’un saphir –, les deux bijoux ayant été offerts à la défunte à la naissance de chacun de ses enfants. Problème : une des deux bagues était sertie d’une pierre de synthèse. Cela a jeté un froid indescriptible. Pourquoi cette mère avait-elle reçu deux bagues de valeurs si différentes ? Y avait-il eu une erreur lors de l’achat des bagues ? Avait-elle vendu une des pierres entretemps ? On ne connaîtra jamais l’histoire qui se cache derrière ce bijou. Toutefois, cette expertise a permis de partager l’héritage de manière équitable ».

 

2.    Une fois l’estimation faite, les pièces sont alors réparties à parts égales entre les différent·e·s héritier·ère·s ; il s’agit du partage successoral. Plusieurs possibilités se présentent ensuite :

a.    On conserve les bijoux – Qu’on décide de porter, en l’état, les pièces héritées ou de simplement les garder en souvenir pour toutes les belles histoires de famille qu’elles nous évoquent, il est impératif de les assurer, selon leur valeur vénale.

b.    On transforme les bijoux – Si l’on souhaite transformer un bijou pour qu’il nous corresponde mieux et qu’on le porte à sa guise tout en se remémorant le proche à qui il appartenait autrefois, la transformation doit être réalisée par un·e expert·e pour que le bijou ne perde pas sa valeur initiale. « Retailler par exemple une gemme ou des proportions dans la matière première noble, altérer, voire faire disparaître le poinçon d’origine… tout cela impacte directement la valeur historique estimée », détaille Marjorie Vallotton.

c.     On vend les bijoux – On peut bien entendu décider de vendre les pièces, en vente directe ou aux enchères. Dans ce cas-là, le prix de réserve se situe en général proche de la valeur de succession.

3.    Autre approche : anticiper, de son vivant, en procédant à un inventaire de ses bijoux et choisir ensuite de les vendre, de déjà les léguer en l’état à ses proches ou de rédiger un testament qui entrera en vigueur à son décès. Cette manière d’aborder son héritage, qui peut paraître déstabilisante de prime abord, se révèle être l’option la plus adéquate, car ne laissant aucun doute sur la valeur et la répartition des biens.


N'hésitez pas à nous contacter à info@geminfinity.com pour toute question à ce sujet ou demande de conseils si vous héritez de bijoux.

Geraldine Morand